T'imaginer que je lève les yeux au ciel ou encore que je soupire parrait si facile quand on a appris à se connaître dans des circonstances où tu n'en as toujours fait qu'à ta tête, même sur un lit d'hôpital. Et je ne peux qu'apprécier que ce que je dise soit pris en compte dans ce genre de mission à au risque, même si cela se fait sans ma bénédiction, ni quoi que ce soit venant de ma part. Nous savons tous deux le dénouement de cette opération, moins de personnes ne veulent pas dire moins de victimes. Au contraire, chaque décision change l'avenir et si quelque chose de plus lointain ne m'était pas apparu, je ne saurais pas dire si tu ne revenais pas les deux pieds en avant plutôt que debout. Et mon coeur se brise à imaginer la première des deux options, si le coeur m'en avait di, j'aurais demandé mon propre déploiement avec votre unité, même si je ne doute pas du médicomage qui vous accompagne puisqu'il officie dans mon service.
Mais de là à lire tes mots, je suis dubitative. La cause ne doit pas être une secte, une idéologie, la guerre fait ses ravages sur tout notre être. Peut-être es-tu devenu fatigué de te battre malgré les promesses et les engagements que tu as. Aspirer à une vie tranquille est le lot des savants et non des sots. Cependant, t'imaginer autrement, c'est impossible. Quand tu seras une pâle copie de ces moutons, tu cesseras simplement d'être l'homme qui me tient à coeur. Alors oui, je suis nerveuse et vexée, mais avant tout inquiète de voir que tu peux t'oublier dans de tel moment. Si la mort venait de toute façon venir frapper à ta porte, je te pleurais, alors c'est également à toi que tu dois faire confiance. Il n'y a pas que tes équipiers qui doivent te croire, crois également en toi et à cette idée de rentrer à la maison sans oublier se devoir auquel tu tiens.
Les cadavres, la mort et la perte sont des émotions qu'on ne peut pas contrôler, mais il est normal pour Alecia de ne parler à personne, puisque c'est ma recrue qui s'est secrètement occupée d'elle ce fameux soir. Ton ami, aussi suicidaire à ce que j'en comprends aura besoin de ton soutien, de celui de ses proches. Ne pas vouloir être ce que l'on a, je pourrais t'en faire un discours, une thèse un exposé. Il n'est jamais plaisant d'être rejeté, d'être moqué ou encore de se sentir seul. Malheureusement, et je te vois te mordre la langue à cette ligne, c'est grâce à César que j’ai réussi à m'accepter et à ignorer ceux qui me traitait de Vélane durant toute ma scolarité. Je revois ma gouvernante voyante me dire qu'une vision pouvait être autant positive ou négative, mais qu'un don ne définissait pas une personne, c'est la personne qui définie ce qu'elle est et comment elle souhaite se contrôler. Je pourrais visiter ton ami et lui parler de tout ça si le coeur lui en dit un jour, plutôt que de devoir le voir sur ma table d'opération à lui recoudre les poignets. Alors si l'un de nos proches doit être sauvé en causant du mal à un tiers ? Je le ferais sans hésitation, comme mes frères le feraient pour moi, je le ferais pour ma famille, mes amis et toi. Faire le bien mérite perfos de sacrifier la justice à laquelle on croit tant, on n'est pas irréprochable du début à la fin de notre vie, mais ce n'est pas une action qui te mettrait dans la catégorie des méchants ou des gentils, c'est-ce pourquoi et qui tu le fais. Si tu le fais pour le bien d'autres personnes, le mal, aussi dur soit-il a accepter pour une personne si droite que toi, doit être fait et on doit en prendre les responsabilités sur ses épaules, comme l'a fait Sigil à ce que tu m'écris. Prends exemple sur lui et demande-lui conseil.
La famille à cet instant n'est qu'une distraction, tu dois avant tout être concentré sur ton objectif. Ton cousin Abel, qu'importent vos différents et vos reproches respectifs, devrait attendre ton retour et ta convalesance. (Car je ne doute pas un seul instant que tu vas me ramener une blessure ou deux à soigner.) Et si Gabriel avait su le comprendre, c'est que tu pourras le faire, n'êtes-vous pas sorti du même ventre ? Mais le pardon ne s'obtient pas que d'un côté Abigaël, c'est un pardon mutuel que vous devez avoir, la rancoeur est tenace, même si j'ignore d'où vient votre querelle. Alors, cesse de tourmenter et si t'imaginer mon visage peut t'apporter du réconfort, je te joins une
photo magique que tu sauras glisser dans une poche ou une porte-feuille pour penser à moi. Je souris, j'étais encore en France avec ma famille, mais désormais, j'ai d'autres raisons de sourire, mais j'en aurais encore plus si tu ne reviens pas le second jour du mois prochain.
Mais effectivement, je te déteste, je suis difficilement satisfaite quand on ne m'écoute pas, j'ai pour habitude de donner des ordres, pas de subir les décisions des autres. J'ai évolué en tant que femme indépendante, alors savoir que mon bonheur peut dépendre de quelqu'un désormais me fait très peur. Et le fait de le perdre m'angoisse terriblement, si bien que je ne compte pas être à Sainte Vivane le soir de ladite intervention.
Alors, cesse de t'en faire pour moi, de vouloir me protéger. J4ai toujours su faire sans toi jusqu'aà aujourd'hui, et je refuse désormais que ce soit sans toi. Reviens entier, c'est tout ce qui m'importe.
Mes prières et mes pensées t'accompagnent. N'oublie pas que le futur sera plus doux que ce que tu vivras demain soir, je te le promets.
(c) sobade.